Une présence [PV Aishû]

La nuit était fraîche et les rues désertes. Il n'y avait pas un chat sur les terrains de sport de l'université toute proche et l'air embaumé de parfum secouait les branches des cerisiers. Enfin, dire qu'il n'y avait pas un chat serait une erreur. En effet, à côté d'un banc, perché sur un arbre, un Neko semblait statufié. Le Neko en question avait la vingtaine, mesurait 1m90 et possédait une aura de lumière créée par la blancheur de ses oreilles et de sa queue, cette dernière pendait dans le vide et ne bougeait pas d'un pouce, maintenant son équilibre sur la fine branche. Il semblait plongé dans ses pensées et donnait l'impression de ne rien faire. Mais Yuki observait simplement la lune et se laissait inondé de sa clarté. Comme il se sentait mélancolique ce soir ! Mais soudain il sentit une présence approcher sans pour autant être capable de l'entendre ni de la voir. Sa curiosité attisée, il scruta des yeux les environs mais ne trouva pas d'où elle provenait. Agacé de ne pas voir qui ne pouvait être que son imagination, il fit un mouvement de la queue caractérisant cet agacement, ce qui le déstabilisa et le fit basculer en arrière. Ses grands yeux verts démontrèrent son étonnement alors que son corps se mouvait de lui-même pour lui éviter la chute. Une fois stabilisé au sol, il regarda les alentours et s'assura que personne ne se moquait de lui avant de se décider entre remonter dans l'arbre ou s'asseoir sur le banc. Il finit par se dire qu'il avait plus de chance à s'asseoir sur le banc si il ne voulait plus se ridiculiser et, les événements lui ayant fait oublié qu'il n'était pas seul près des terrains, il plongea son regard absorbé vers la lune qui brillait de milles éclats. Mais cela ne dura que quelques secondes avant qu'il ne ressente à nouveau une présence. Il regarda le banc à côté de lui où personne n'était assis avant d'observer attentivement les alentours, toujours incapable de localiser la présence.

Aishû se coula contre le mur, doucement. Elle essayait de ne pas faire trop de bruit. L'air sentait le cerisier, et elle inspira doucement, essayant de contrôler ses pulsions meurtières. En effet, Aishû avait soif. Elle essayait cependant de retarder le plus possible le moment où elle devrait mordre quelqu'un. En attendant de trouver un humain à son goût. Elle respirait lentement, vidant l'odeur du sang de ses poumons, purgeant sa gorge des dernières traces de venin. Puis elle expira doucement, sans buit, regardant autour d'elle pour vérifier qu'elle était bien seule. Ce n'était pas le cas, et elle retint un léger cri de surprise en voyant une silhouette chuter d'une branche. Ele se recula davantage, se collant au mur. Lorsque le Neko, puisqu'au vu de ses oreilles et de sa queue c'en était un, se rassit sur un banc proche, l'air contrit.
Aishû attendit quelques minutes, pour ne pas donner l'impression qu'elle avait vu sa chute. Puis elle s'avança l'air de rien, jusqu'à s'assoir aussi sur le banc. Elle essayait de ne pas dévisager le Neko, mais ca fut plus fort qu'elle. Elle tourna la tête, et croisa son regard. Gênée, elle se sentit obligée de lui sourire. Aishû détourna cependant presque aussitôt son regard, se détournant pour examiner les lieux.

Yuki sentit un mouvement sur sa gauche et regarda la place vide à côté de lui. Elle était occupée par quelqu'un ! Un humain à l'odeur de sang. Était-elle blessée, il ne savait le dire mais elle ne paraissait pas souffrir. Il avait l'impression de sentir une odeur de sang et en même temps de ne pas la sentir. Il croisa le regarda de la jeune femme et sourit en retour à son sourire. Mais elle parut gênée et détourna son regard. Elle sembla alors observer les alentours, et même temps guetter le moindre de ses gestes. On aurait une proie face à un prédateur. Mais qui était la proie ? Bien que Yuki avait l'impression que c'était la jeune femme, peut-être n'était-ce autre que lui qui était chassé. Quoiqu'il en fût, Yuki ne savait comment aborder cette jeune femme à l'odeur de sang. Elle semblait seule et triste, et surtout extrêmement timide. Il sourit et se tourna vers elle. Son regard miel l'envoûtait un peu bien que les rousses ne furent pas ses préférées, en particulier qu'il n'était pas intéressé par les femmes. Il décida tout de même d'engager la conversation :

- Bonsoir ! Je m'appelle Yuki. Est-ce que je peux savoir votre nom ?

Il lui semblait qu'elle allait s'enfuir ou bien que le vent allait l'emporter tant elle semblait nécessiter la protection de quelqu'un d'autre. C'était d'ailleurs étrange qu'elle soit seule à cette heure, ce serait-elle perdue ? Ou bien aurait-elle fugué ? Quoique maintenant qu'il la regardait de plus prêt, elle devait être plus vieille que lui d'une année. Mais elle faisait beaucoup plus jeune à cause de son apparence fragile. Il remarqua soudain que deux canines ressortaient de sa bouche. Il sourit en comprenant enfin qu'elle devait être un vampire et que c'était de là que provenait l'odeur de sang. Et bien qu'il pouvait bientôt devenir sa proie, il ne s'en souciait et fit confiance à son instinct et continua d'être amical. Après tout, tant qu'elle ne se fâchait, il ne devait rien avoir à craindre, supposait-il...

Le jeune homme se tourna vers elle. Maintenant qu'elle voyait son visage, elle pouvait supposer qu'il était plus jeune. Mais pas de beaucoup, toutefois ; un an, ou deux au grand maximum. Heureusement pour lui, Aishû n'avait jamais pu supporter le sang des Nekos. Elle avait toujours l'impression qu'il y avait des poils dedans. Pas qu'elle soit xénophobe, ni même allergique aux chats d'ailleurs ; c'était une question de préférences, voilà tout. Elle ne le regardait donc pas comme une proie, pas un seul instant. Aishû espérait seulement qu'il ne l'empêcherait pas de se nourrir ; c'était déjà assez fastidieux sans ça.
- Bonsoir ! Je m'appelle Yuki. Est-ce que je peux savoir votre nom ?
A la façon dont il la regardait, il avait compris - qu'elle était une vampire, s'entend. Il avait l'air de s'en ficher ; tant mieux !
Elle le regarda, un sourire hésitant sur les lèvres.
- Bien sûr... Je m'appelle Aishû.
Elle espérait qu'il ne se moquerait pas de son prénom si particulier. Aishû ; Souffrance.

Yuki fut ravi qu'elle lui réponde. Il aurait trouvé dommage de la faire fuir, elle semblait si gentille. Surtout qu'il adorait se perdre dans ses yeux dorés même si son regard semblait un peu triste. Mais en ce moment, elle paraissait gentille et amicale et même si elle semblait timide, ça ne serait être ça qui l'empêcherait de faire connaissance avec elle. En plus elle souriait un peu. Bon, ça faisait ressortir un peu plus ses canines de vampires, mais ça lui donnait un air agréable. Yuki sourit encore une fois, comme à son habitude, et lui répondit :

- Enchanté de faire votre connaissance Aishû.

Le nom ne lui disait rien. Il avait juste trouvé qu'il sonnait bien mais il ignorait qu'il signifiait souffrance, autant qu'il avait ignoré que ce nom existait. Toutefois il était étonné qu'elle ne demande pas son nom de famille ni ne donna le sien. La plus part du temps, lorsqu'il oubliait de le faire, les personnes avec qui il parlait le lui rappelaient. Mais là ça lui semblait égal et ça plaisait assez bien à Yuki. C'est pourquoi il ne demanda pas son nom de famille, après tout, on n'en a pas besoin pour devenir ami. Il avança donc la question gênante avant qu'elle ne s'impose :

- Vous êtes un vampire, n'est-ce pas ?

Le plus étrange dans la question résidait dans le fait qu'il avait continué de sourire malgré l'accusation. Surtout que, même si ça lui était assez bien égal, il pouvait devenir la proie d'un moment à l'autre. Et ce moment pourrait venir plus tôt que prévu s'il énervait Aishû. Quoiqu'elle avait l'air assez pacifiste à son égard, sûrement qu'elle cherchait plus de la compagnie que du sang frais.